Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 7.djvu/18

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aurait pu fournir cinquante mille cavaliers, et ses trois arsenaux ou manufactures les auraient abondamment fournis de boucliers[1], de cuirasses et de tous les objets d’armement ; mais la jeunesse gauloise, réduite depuis long-temps à un petit nombre, ne possédait plus son ancienne valeur, et les bandes indisciplinées, volontaires ou mercenaires, qui suivirent les drapeaux de Syagrius, étaient incapables de résister au courage national des Francs. Il serait injuste de condamner la fuite de Syagrius, sans connaître ses forces ou ses ressources. Après la perte de la bataille, il courut se réfugier à la cour de Toulouse. La faible minorité d’Alaric ne put ni le secourir ni le protéger. Les pusillanimes Goths[2] se laissèrent intimider par les menaces de Clovis, et après un court emprisonnement, le roi romain fut livré à l’exécuteur. Les villes de la Gaule belgique se soumirent au roi des Francs, et Clovis réunit à ses états, du côté de l’orient, le vaste diocèse de Tongres[3],

    environné par un cercle de sépultures païennes, et Clovis fit présent à l’église de Reims des terres de Leuilli et de Couci, situées dans le voisinage.

  1. Voy. les Commentaires de César, De bell. gall., II, 4 ; t. I, p. 220 ; et les Notitiæ, t. I, p. 126. Les trois fabriques de Soissons étaient Scutaria, Balistaria et Clinabaria. La dernière fournissait l’armure complète des cuirassiers.
  2. Cette épithète ne peut convenir qu’à la circonstance, et l’histoire ne peut justifier le préjugé français de saint Grégoire de Tours (l. II, c. 27, t. II, p. 175), ut Gothorum pavere mos est.
  3. Dubos me démontre (t. I, p. 277-286) que saint