Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 7.djvu/185

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du vainqueur[1]. La pompe et le bon ordre des cérémonies religieuses édifiaient le peuple et même les Barbares ; il était enjoint aux magistrats de protéger les immunités des personnes et des biens ecclésiastiques ; les évêques tenaient leurs synodes, les métropolitains exerçaient leur juridiction, et l’on conservait ou l’on modérait les priviléges du sanctuaire selon l’esprit de la jurisprudence des Romains. Pour prix de sa protection, Théodoric s’arrogea sur l’Église un droit de suprématie ; et son administration vigoureuse rétablit ou augmenta d’utiles prérogatives négligées par les faibles empereurs d’Occident. Il connaissait la dignité et l’importance du pontife de Rome, auquel on donnait déjà le nom respectable de pape. La paix ou la révolte de l’Italie dépendait à bien des égards du caractère de cet évêque riche et chéri du peuple, investi d’une si grande autorité dans le ciel et sur la terre, et qu’un nombreux synode avait déclaré exempt de tout péché et au-dessus de tout jugement[2]. Lorsque d’après ses ordres Symmaque et Laurent concoururent pour le trône de saint Pierre, le monarque arien les

  1. On doit rejeter le conte absurde d’un diacre catholique qu’il fit décapiter pour avoir quitté sa communion pour suivre la secte d’Arius. Théodor. Lector., no 17. Pourquoi Théodoric est-il surnommé Afer ? Ce mot vient-il de Vafer ? (Valois, ad loc.) Ce n’est qu’une simple conjecture.
  2. Voyez Ennodius, p. 1621, 1622, 1636, 1638. Cette décision fut approuvée et enregistrée (synodaliter) par un concile romain. (Baronius, A. D. 503, no 6 ; Franciscus Pagi, in Brev. Pont. Rom., t. I, p. 242.)