Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 7.djvu/209

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

mériter l’applaudissement de ses compatriotes[1] par des victoires contre les Scythes et les Perses, ce guerrier prudent sollicita leur faveur dans les églises, dans le cirque et dans le sénat de Constantinople. Les catholiques étaient attachés au neveu de Justin, qui, entre les hérésies de Nestorius et d’Eutychès, gardait l’étroit sentier tracé par l’inflexible et intolérante croyance des orthodoxes[2]. Les premiers jours du nouveau règne, on le vit exciter et flatter l’exaltation du peuple contre la mémoire du dernier empereur. Après un schisme de trente-quatre ans, il parvint à calmer l’orgueil et la colère du pontife de Rome, et à inspirer aux Latins une opinion favorable de son respect pour le siége apostolique. Les différens siéges des églises de l’Orient furent occupés par des évêques catholiques dévoués à ses intérêts ; il gagna le clergé et les moines par des largesses, et l’on instruisit le peuple à prier pour son futur souverain, l’espoir et l’appui de la véritable religion. Justinien étala sa magnificence dans les spectacles

  1. Dans sa première jeunesse, planè adolescens, il avait passé quelque temps à la cour de Théodoric en qualité d’otage. Alemannus (ad Procop. Anecdot. 9, p. 34 de la 1re édition) cite sur ce fait curieux une histoire manuscrite de Justinien, qu’avait composée Théophile, son précepteur. Ludewig (p. 143) voudrait bien faire de Justinien un guerrier.
  2. Nous dirons plus bas comment Justinien se conduisit relativement aux affaires ecclésiastiques. Voyez Baronius (A. D. 518, 521) et le long article de Justinien dans l’Index du septième volume de ses Annales.