Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 7.djvu/21

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

moyens de se rallier ; ils avaient détruit dédaigneusement les murs et les fortifications qui auraient pu leur servir d’asile, et l’ennemi, qui ne leur cédait ni en valeur ni en activité, les suivit jusqu’au fond de leurs forêts. Le grand Théodoric félicita de ses succès le victorieux Clovis, dont il avait récemment épousé la sœur Alboflède ; mais il intercéda avec douceur auprès de son frère en faveur des supplians et des fugitifs qui avaient imploré sa protection. Le conquérant s’empara des territoires de la Gaule occupés par les Allemands ; et cette fière nation, toujours invincible aux armes des Romains ou rebelle à leur pouvoir, reconnut la souveraineté des rois Mérovingiens, dont la bonté lui permit de conserver ses usages et ses institutions particulières sous le gouvernement de ducs d’abord amovibles, et dans la suite héréditaires. Après la conquête des provinces occidentales, les Francs conservèrent seuls leur ancien établissement au-delà du Rhin. Ils conquirent et civilisèrent peu à peu un pays épuisé, jusqu’à l’Elbe et aux montagnes de la Bohême, et la soumission de la Germanie assura la paix de l’Europe[1].

  1. Saint Grégoire de Tours (l. II, 30, 37 ; t. II, p. 176, 177, 182) ; les Gesta Franc. (t. II, p. 551) ; et l’Épître de Théodoric (Cassiodore, Variar., l. II, c. 41, t. IV, p. 4), rendent compte de la défaite des Allemands. Quelques-unes de leurs tribus s’établirent dans la Rhétie, sous la protection de Théodoric, dont les successeurs cédèrent la colonie et leur pays au petit-fils de Clovis. On peut s’instruire de la situation des Allemands sous les rois Mérovingiens, dans