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Conversion de Clovis. A. D. 496.

Clovis adora, jusqu’à l’àge de trente ans, les dieux de ses ancêtres[1]. Ses doutes ou son indifférence pour le christianisme pouvaient lui permettre de piller avec moins de scrupule les églises d’une nation ennemie ; mais ses sujets de la Gaule jouirent du libre exercice de leur religion, et les évêques conçurent un espoir plus favorable de l’idolâtre que des hérétiques. Le prince Mérovingien avait trouvé le bonheur dans son union avec la belle Clotilde, nièce du roi de Bourgogne. Élevée dans la foi catholique au milieu d’une cour arienne, son intérêt et son devoir[2] lui ordonnaient également de travailler à la conversion d’un époux païen, et la voix de l’amour disposa peu à peu Clovis à écouter celle de la religion. Il consentit à faire baptiser son fils aîné ; mais cette clause avait été peut-être stipulée avant son mariage. Quoique la mort subite de ce

    Mascou (Hist. des anciens Germains, XI, 8, etc., note 36), et Guillemain (De reb. helvet., l. II, c. 10, 12, p. 72-80).

  1. Clotilde ou plutôt saint Grégoire, suppose que Clovis adorait les dieux de la Grèce et de Rome ; le fait est incroyable, et cette méprise nous prouve seulement qu’en moins d’un siècle, la religion nationale des Francs avait été non-seulement abolie, mais complètement oubliée.
  2. Saint Grégoire de Tours raconte le mariage et la conversion de Clovis, l. II, c. 28, 31, t. II, p. 175-178. Frédégaire ou l’Abréviateur anonyme (t. II, p. 398-400) ; l’auteur des Gesta Francorum (t. II, p. 548-552), et Aimoin lui-même (l. I, c. 13, t. III, p. 37-40), ne sont pas à dédaigner dans cette occasion. La tradition peut avoir conservé long-temps quelques circonstances curieuses de ces événemens importans.