Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 7.djvu/222

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ne tarda pas à en mourir de douleur, et on publia, au nom de l’empereur Justin, une loi qui abolissait la sévère jurisprudence de l’antiquité. On laissait la possibilité d’un glorieux repentir (ce sont les termes de l’édit) aux femmes infortunées qui avaient prostitué leurs personnes sur le théâtre ; et on leur permettait de contracter une union légale avec les plus illustres des Romains[1]. Cet édit d’indulgence fut bientôt suivi du mariage solennel de Justinien et de Théodora, dont la dignité s’éleva dans la proportion de celle de son amant ; et dès que Justin eut revêtu son neveu de la pourpre, le patriarche de Constantinople plaça le diadème sur les têtes de l’empereur et de l’impératrice de l’Orient. Les honneurs que la sévérité des mœurs romaines avait pu accorder aux femmes des princes ne suffisaient ni à l’ambition de Théodora, ni à la passion de son mari. Il la plaça sur le trône avec le rang d’un collègue son égal et indépendant de lui, et dans le serment de fidélité qu’on exigea des gouverneurs des provinces, le nom de Théodora fut uni à celui de Justinien[2]. L’Orient

  1. L’ancienne loi se trouve dans le code de Justinien, l. V, tit. 5, leg. 7 ; tit. 27, leg. 1, à la date des années 336 et 454. Dans le nouvel édit publié l’an 521 ou 522, on eut la maladresse d’abolir seulement la clause des Mulieres scenicæ, libertinæ tabernariæ. (Voyez les Novelles 89 et 117, et un Rescript grec de Justinien aux évêques. Alem., p. 41)
  2. « Je jure par le Père, etc., par la vierge Marie, par les quatre Évangiles, quæ in manibus teneo, et par les saints archanges Michel et Gabriel, puram conscientiam germanumque servitium me servaturum, sacratissimis DDNN. Jus-