Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 7.djvu/25

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était incapable d’examiner une religion dont les preuves exigeaient une recherche longue et pénible de faits historiques et de théologie spéculative. Il pouvait encore moins goûter la modération des préceptes de l’Évangile, qui persuadent et purifient l’âme d’un prosélyte sincèrement converti. Son règne fut une violation continuelle des lois du christianisme et de l’humanité. Il fit couler le sang durant la paix comme durant la guerre ; et Clovis, au moment où il venait de congédier un synode de l’Église gallicane, fit assassiner de sang-froid tous les princes Mérovingiens[1]. Cependant le roi des Francs pouvait adorer sincèrement le Dieu des chrétiens comme un être plus excellent et plus puissant que ses divinités nationales ; la délivrance signalée et la victoire de Tolbiac avaient confirmé sa confiance dans le Dieu des armées. Saint Martin avait acquis un grand crédit dans l’Occident par la renommée des miracles que son sépulcre opérait continuellement à Tours ; il accorda visiblement ou invisiblement sa protection à un prince ortho-

    vindicassem. Saint Grégoire de Tours a gardé prudemment le silence sur cette imprudente exclamation, mais elle est citée comme une admirable effusion de zèle et de piété par Frédégaire (Epitome, c. 21, t. II, p. 400) ; par Aimoin (l. I, c. 16, t. III, p. 40) ; et par les Chroniques de Saint-Denis (l. I, c. 20, t. III, p. 171).

  1. Saint Grégoire (l. II, c. 40-43, t. II, p. 183-185), après avoir raconté froidement les crimes de Clovis et ses remords affectés, termine, peut-être sans intention, par une leçon que l’ambition n’écoutera jamais : « His ita transactis… obiit ».