Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 7.djvu/259

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sur l’abolition de l’or d’affliction, taxe personnelle levée sur l’industrie du pauvre[1], et qui paraît cependant avoir été plus insupportable par sa forme que par sa nature, puisque dix mille ouvriers de la florissante ville d’Édesse ne payèrent en quatre ans que cent quarante livres d’or[2] ; mais la générosité d’Anastase fut accompagnée d’une telle réserve dans les dépenses, que, durant un règne de vingt-sept ans, il économisa sur ses revenus annuels treize millions sterling, ou trois cent vingt mille livres d’or[3]. Le neveu de Justin négligea son exemple, et dissipa ce trésor. Des aumônes et des bâtimens, des guerres d’ambition et des traités ignominieux absorbèrent tant de richesses. [Avarice et profusion de Justinien.]Bientôt ses dépenses furent au-dessus de ses revenus : il mit en usage toutes sortes de moyens pour arra-

  1. Évagrius (l. III, c. 39, 40) parle sur ce point avec détail et reconnaissance ; mais il montre de l’humeur de ce que Zosime a calomnié le grand Constantin. Anastase fit rassembler avec soin et à dessein tous les faits relatifs à cet impôt ; les pères, pour le payer, avaient été obligés quelquefois de prostituer leurs filles. Zosime, II, c. 38, p. 165, 166, Leipzig, 1784. Timothée de Gaza composa sur un de ces événemens une tragédie (Luidas, t. III, p. 475) qui contribua à la révocation de l’impôt (Cedrenus, p. 35) : heureux effet, s’il est véritable, des leçons du théâtre !
  2. Voyez Josué Stylites dans la Bibl. orient. d’Asseman., t. I, page 268. La Chronique d’Édesse indique légèrement cette taxe.
  3. Procope (Anecdot., c. 19) fixe cette somme d’après le rapport des trésoriers eux-mêmes. Tibère avait un trésor de vicies ter millies ; mais son empire était bien plus étendu que celui d’Anastase.