Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 7.djvu/260

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cher au peuple cet or qu’il répandait d’une main prodigue des frontières de la Perse aux confins de la France[1]. Son règne offrit des vicissitudes ou plutôt un combat perpétuel de rapacité et d’avarice, de splendeur et de pauvreté ; tant qu’il vécut, on pensa qu’il avait des trésors cachés[2] ; et il légua à son successeur le payement de ses dettes[3]. La voix du peuple et celle de la postérité se sont élevées justement contre un semblable caractère ; mais le mécontentement public est crédule ; la méchanceté, qui travaille dans l’ombre, est audacieuse, et l’amant de la vérité lira avec défiance les anecdotes, d’ailleurs instructives, de Procope. L’historien secret ne montre que les vices de Justinien, et la malignité de son pinceau en renforce encore la teinte. Il donne à des

  1. Evagrius (l. IV, c. 30), qui faisait partie de la génération suivante, est modéré et paraît bien instruit. Zonare (l. XIV, c. 61), qui vivait au douzième siècle, avait lu les écrivains antérieurs avec soin, et se montre exempt de préjugés. Cependant leurs couleurs sont presque aussi noires que celles des Anecdotes.
  2. Procope (Anecdot., c. 30) rapporte les conjectures des oisifs de son temps. La mort de Justinien, dit l’historien secret, dévoilera ses richesses ou sa pauvreté.
  3. Voyez Corippus, De Laudibus Justini August., l. II, 260, etc., 384, etc.

    Plurima sunt vivo nimium neglecta parenti,
    Unde tot exhaustus contraxit debita fiscus.

    On apporta à force de bras des centenaires d’or dans l’Hippodrome.

    Debita genitoris persolvit, cauta recepit.