Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 7.djvu/263

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(la valeur de cinquante-deux mille livres sterling)[1]. 3oProcope ne s’est pas arrêté à nous expliquer ce système d’impôt, qui produisit, si on l’en croit, l’effet d’une grêle qui dévaste la terre, d’une peste qui en dévore les habitans ; mais nous deviendrions complices de ses malveillantes intentions, si nous imputions à Justinien seul le vieux principe rigoureux, il est vrai, que le canton doit dédommager l’état de la perte des hommes et de la propriété des individus. L’annona ou la fourniture de blé pour la consommation de l’armée et de la capitale, était un tribut accablant et arbitraire, exigé dans une proportion peut-être décuple des facultés du fermier : l’injustice des poids et des mesures, et la fatigue et la dépense du transport de ces blés, qu’il fallait conduire au loin, aggravaient la misère des cultivateurs. Dans un temps de disette, la Thrace, la Bithynie et la Phrygie, provinces adjacentes, étaient sujettes à une réquisition extraordinaire, et les propriétaires, après un voyage fatigant et une navigation périlleuse, recevaient un si faible dédommagement, qu’ils auraient mieux aimé livrer les blés pour rien à la porte de leur grenier. Ces précautions sembleraient

  1. Saint Sabas obtint un centenaire pour Scythopolis, capitale de la seconde Palestine, et douze autres pour le reste de la province. Aleman. (p. 59) a fait connaître avec candeur ce fait tiré d’une vie manuscrite de saint Sabas, composée par son disciple Cyrille, qui se trouvait dans la Bibliothéque du Vatican, et qui a été oublié depuis par Cotelier.