Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 7.djvu/262

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avec raison, d’avoir usurpé les revenus des municipalités destinés à ces établissemens utiles. Il se permettait des injustices, même envers les soldats ; et tel était l’affaiblissement de l’esprit militaire, que ces injustices demeuraient impunies. Il leur refusa les cinq pièces d’or qu’on avait coutume de leur distribuer tous les cinq ans ; il réduisit les vétérans à mendier leur pain, et laissa, dans les guerres de Perse et d’Italie, se dissiper ses armées trop mal payées. [Remises.] 2o. Ses prédécesseurs avaient toujours abandonné, dans quelque circonstance heureuse de leur règne, ce que les contribuables redevaient au trésor public ; ils avaient eu l’adresse de se faire un mérite d’une remise devenue nécessaire. « Justinien, dans l’espace de trente-deux ans, n’a jamais accordé la même grâce, et plusieurs de ses sujets ont abandonné des terres dont la valeur ne suffisait pas aux demandes du fisc. Anastase avait affranchi d’impôts, durant sept ans, les villes qui souffraient des incursions de l’ennemi ; sous Justinien, des provinces entières ont été ravagées par les Persans, les Arabes, les Huns et les Esclavons ; et ses ridicules exemptions se sont bornées à une année de décharge accordée aux places occupées par l’ennemi. » Tel est le langage de l’historien secret, qui nie expressément que la Palestine ait obtenu aucune décharge après la révolte des samaritains. C’est une odieuse fausseté, démentie par les actes authentiques qui attestent que par l’intercession de saint Sabas, il fut accordé à cette malheureuse province un secours de treize centenaires d’or