Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 7.djvu/293

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dent entre elles les nations ennemies ; et un édit du prince instruisit les magistrats que c’était un acte de justice et de piété de condamner ou de punir un Isaurien, même le jour de Pâques[1]. Si on les condamnait à la servitude domestique, ils soutenaient de leur épée ou de leur poignard la querelle particulière de leurs maîtres, et il fallut, pour la tranquillité publique, défendre le service de ces esclaves dangereux. Tracalissæus ou Zénon, leur compatriote, ayant obtenu la couronne, appela près de lui une troupe fidèle et redoutable d’Isauriens qui insultèrent la cour et la ville, et il leur paya un tribut annuel de cinq mille livres d’or. Entraînés par l’espoir de la fortune, ils abandonnèrent leurs montagnes ; le luxe énerva leur âme et leur corps, et à mesure qu’ils se mêlèrent aux peuplades civilisées, ils se dégoûtèrent de leur liberté qu’accompagnaient la pauvreté et la solitude. Après la mort de Zénon, Anastase, son successeur, révoqua leurs pensions ; il les exposa à la vengeance du peuple, il les chassa de Constantinople, et se disposa à soutenir une guerre qui ne leur laissait d’autre alternative que celle de la victoire ou de la servitude. Un frère du dernier empereur ayant usurpé le titre d’Auguste, les armes, le trésor et les magasins rassemblés par Zénon,

  1. Cod. Justin., l. IX, tit. 12, leg. 10. Il prononce des peines sévères, une amende de cent livres d’or, la dégradation et même la mort. La tranquillité publique put servir de prétexte ; mais Zénon voulut se réserver la valeur et le service des Isauriens.