Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 7.djvu/294

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furent employés pour défendre sa cause ; les soldats nés dans l’Isaurie devaient former la moindre partie des cent cinquante mille Barbares qui combattirent sous sa bannière ; et, ce qu’on n’avait pas vu jusque alors, un évêque se trouva au nombre de ces guerriers. La valeur et la discipline des Goths triomphèrent, dans les plaines de la Phrygie, de cette troupe désordonnée ; mais une guerre de six ans épuisa presque le courage de l’empereur[1]. [A. D. 492-498.]Les Isauriens se réfugièrent dans leurs montagnes ; ils virent successivement leurs forteresses assiégées et détruites ; on intercepta leur communication avec la mer : les plus braves d’entre leurs chefs tombèrent dans les combats ; les autres, avant de périr par la main du bourreau, furent traînés chargés de chaînes à travers l’Hippodrome. Une colonie de jeunes Isauriens fut transplantée dans la Thrace, et le reste se soumit au gouvernement romain. Toutefois quelques générations s’écoulèrent avant que leur caractère pût se plier à l’esclavage. Leurs cavaliers et leurs archers remplissaient les grosses bourgades du mont Taurus ; ils résistaient à l’imposition des tributs, mais ils recrutaient les armées de Justinien, qui autorisa ses magistrats civils, le proconsul de Cappadoce, le comte d’Isaurie et les préteurs de Lycaonie et de

  1. La guerre d’Isaurie et le triomphe d’Anastase sont racontés en peu de mots et d’une manière obscure par Jean Malala (t. II, p. 106, 107) ; par Évagrius (l. III, c. 35) ; par Théophane (p. 118-120), et dans la Chronique de Marcellin.