Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 7.djvu/322

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ble, que ses soldats ne pouvaient plus appuyer. Du moment où Rome avait été dépouillée de la pourpre impériale, les princes de Constantinople avaient pris seuls le sceptre sacré de la monarchie ; ils avaient demandé comme un héritage qui leur appartenait, les provinces subjuguées par les consuls ou possédées par les Césars, et ne s’étaient que faiblement occupés de garantir leurs fidèles sujets de l’Occident contre les progrès de l’hérésie et les invasions des Barbares. L’exécution de ce brillant projet était à quelques égards réservée à Justinien. Les cinq premières années de son règne il soutint malgré lui une guerre dispendieuse et inutile contre les Perses ; à la fin son ambition triompha de son orgueil, et il paya quatre cent quarante mille livres sterling une trêve passagère que les deux nations honorèrent du nom de paix éternelle. Sans crainte du côté de l’Orient, il put alors employer ses forces contre les Vandales, et l’état intérieur de l’Afrique offrait un prétexte honorable, et promettait de puissans secours aux armes romaines[1].

  1. Procope a raconté avec ordre, et d’une manière élégante, la guerre des Vandales (l. I, c. 9-25 ; l. II, c. 1-13). Je serais heureux si dans le cours de cette Histoire j’avais toujours un pareil guide. Après avoir lu avec soin le texte grec en entier, j’ai droit de prononcer qu’il ne faut pas trop se fier aux versions latine et française de Grotius et du président Cousin. Cependant on a donné beaucoup d’éloges à M. Cousin, et Grotius était le premier savant d’un siècle très-versé dans l’ancienne littérature.