Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 7.djvu/328

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Caractère de Bélisaire.

Le Scipion Africain de la nouvelle Rome reçut le jour et fut peut-être élevé parmi les paysans de la Thrace[1]. Une naissance illustre, une éducation libérale, l’émulation qui naît de la liberté, avaient contribué à former les vertus des deux Scipions ; tous ces avantages manquèrent à Bélisaire. Le silence de son verbeux secrétaire prouve sans doute d’une manière suffisante que sa jeunesse ne put offrir le sujet d’aucun éloge ; il servit, et sûrement avec valeur et avec gloire, dans les gardes de Justinien, et lorsque son maître monta sur le trône, il fut élevé de ce poste domestique à un commandement militaire. Après une incursion hardie dans la Persarménie, où un collègue partagea ses succès, et où l’ennemi arrêta ses progrès, Bélisaire se rendit au poste important de Dara, et c’est là qu’il admit à son service Procope, le fidèle compagnon et le soigneux historien de ses exploits[2]. Le Mirranes de Perse, qui

  1. Ωρμητο δε ο Βελισαριος εκ Γερμανιας, η Θρακωντε και Ιλλυριων μεταξυ κειται (Proc., Vandal., l. I, c. 11 ; Alem., Not. ad Anecd. p. 5). Un Italien n’éprouvera aucune répugnance à rejeter les prétentions germaniques de Giphanius et de Velserus, qui veulent réclamer Bélisaire ; mais je ne trouve dans aucune liste civile ou ecclésiastique des provinces et des villes, cette Germania ou métropole de Thrace.
  2. Procope a raconté fidèlement, et en grand détail, les deux premières campagnes de Bélisaire dans la guerre de Perse. (Persic., l. I, c. 12-18.)