Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 7.djvu/343

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proche des Romains, qui s’avançaient vers Carthage, remplit de trouble et d’effroi l’esprit de Gelimer. Il voulait sagement prolonger la guerre, jusqu’à ce que son frère et ses vétérans fussent revenus de la conquête de la Sardaigne ; il déplorait l’imprévoyante politique de ses ancêtres, qui, en détruisant les fortifications de l’Afrique, ne lui avait laissé que la ressource dangereuse de risquer une bataille aux environs de sa capitale. Les cinquante mille Vandales qui avaient subjugué l’Afrique s’étaient multipliés de manière qu’à l’époque de l’invasion de Bélisaire, ils formaient cent soixante mille combattans, non compris les enfans et les femmes ; et tant de guerriers braves et unis entre eux auraient pu écraser, au débarquement, une troupe peu nombreuse et harassée ; mais les partisans du roi captif semblaient plus disposés à écouter les invitations qu’à contrarier les progrès de Bélisaire ; et un grand nombre de ces orgueilleux Barbares cachaient leur aversion pour la guerre, sous le prétexte plus honorable de leur haine pour l’usurpateur. Toutefois l’autorité et les promesses de Gelimer rassemblèrent une armée nombreuse, et il concerta ses plans d’une manière assez habile. Il expédia à son frère Ammatas l’ordre de réunir toutes les forces de Carthage, et d’attaquer à dix milles de la ville l’avant-garde des Romains. Gibamond, son neveu, qui commandait deux mille cavaliers, eut ordre de fondre sur leur aile gauche, tandis que le monarque, marchant secrètement de son côté, les prendrait par derrière dans une position qui les pri-