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leurs nouveaux maîtres, dont ils espéraient par là obtenir la faveur. On transporta à Orléans le monarque captif avec sa femme et deux enfans. Les fils de Clovis, dont la cruauté peut tirer quelque excuse des maximes et des exemples de ce siècle barbare, firent enterrer Sigismond tout vif dans un puits. Empressés d’assurer la conquête de la Bourgogne, ils avaient pour enflammer ou déguiser leur ambition, le motif de la piété filiale ; et Clotilde, dont la sainteté ne consistait pas dans le pardon des injures, les pressa de venger la mort de son père sur la famille de son assassin. Quoique les Bourguignons eussent essayé de rompre leur chaîne, on leur laissa leurs lois nationales sous la redevance d’un tribut et du service militaire ; et les princes Mérovingiens régnèrent paisiblement sur un royaume dont les armes de Clovis avaient déjà détruit la gloire et la grandeur[1].

Guerre contre les Goths. A. D. 507.

La première victoire de Clovis avait humilié l’orgueil des Goths. Des succès rapides leur inspirèrent un sentiment de terreur et de jalousie ; et la renommée du jeune Alaric se trouva obscurcie par la supériorité de son rival. Quelques contestations inévitables s’élevèrent au sujet des limites des deux

  1. Marius, évêque d’Avenche (Chroniq., t. II, p. 15), a marqué les dates authentiques, et saint Grégoire de Tours (l. III, c. 5, 6, t. II, p. 188, 189) a expliqué les faits principaux de la vie de Sigismond et de la conquête de la Bourgogne. Procope (t. II, p. 34) et Agathias (l. II, p. 49) montrent l’imperfection des lumières indirectes qu’ils avaient sur cet événement.