Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 7.djvu/365

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souvent : Vanité ! vanité ! tout est vanité. Au lieu de se montrer sur un char de triomphe traîné par quatre chevaux ou par quatre éléphans, le modeste vainqueur marchait à pied à la tête de ses braves compagnons : sa prudence l’avait peut-être engagé à refuser un honneur trop éclatant pour un sujet, et sa grande âme pouvait dédaigner un char si souvent souillé par les plus vils tyrans. Ce glorieux cortége entra dans l’Hippodrome, fut salué par les acclamations du sénat et du peuple, et s’arrêta devant le trône sur lequel Justinien et Théodora attendaient l’hommage du roi captif et du héros victorieux. Bélisaire et Gelimer firent l’adoration accoutumée ; en se prosternant ils touchèrent avec respect le piédestal d’un prince qui n’avait jamais tiré l’épée, et d’une prostituée qui avait dansé sur le théâtre. Il fallut une légère violence pour venir à bout de l’opiniâtre fierté du petit-fils de Genseric ; et son vainqueur, quoique habitué à la servitude, put sentir son âme se révolter en secret. [Bélisaire est seul consul. A. D. 535. Janvier l.]Il fut sur-le-champ déclaré consul pour l’année suivante, et le jour de son inauguration ressembla à un second triomphe : des captifs vandales portèrent sa chaire curule sur leurs épaules, et des coupes d’or, de riches ceintures, fruit des dépouilles de la guerre, furent jetées avec profusion au milieu de la populace.

Gelimer et les Vandales disparaissent.

Mais la plus noble récompense de Bélisaire fut la

    en effet l’Ecclésiaste et les Proverbes offrent une grande étendue de pensées, et plus d’expérience qu’on ne peut en attribuer à un Juif ou à un roi.