Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 7.djvu/364

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Le cortége triomphal sortit du palais de Bélisaire, traversa les principales rues et se rendit à l’Hippodrome. Cette mémorable journée sembla punir les offenses de Genseric, et expier la honte des Romains. On y déploya toute la richesse des nations, les trophées d’un luxe guerrier et ceux de la mollesse, de riches armures, des trônes d’or, et les chars de parade qui avaient servi à la reine des Vandales ; la vaisselle massive du banquet royal, des pierres précieuses sans nombre, des statues et des vases d’une forme élégante, un trésor plus solide en pièces d’or, et les ornemens sacrés du temple juif, qu’après de si longs voyages on déposa respectueusement dans l’église chrétienne de Jérusalem. Une longue file de nobles Vandales venait ensuite, déployant à regret leur haute stature et leur mâle contenance. Gelimer s’avançait à pas lents, revêtu d’une robe de pourpre, et gardant toujours la majesté d’un roi. Il ne laissa pas échapper une larme, ne fit pas entendre un soupir. Son orgueil et sa piété tirèrent quelque consolation de ces paroles de Salomon[1], qu’il répéta

    ayant aboli les auspices romains (voyez La Bléterie, Mém. de l’Acad., t. XXI, p. 302-332), on pouvait avec moins d’inconséquence accorder le triomphe à un général particulier.

  1. On doute encore si l’Ecclésiaste est vraiment un ouvrage de Salomon, ou si c’est, comme le poëme de Prior, un écrit pieux et moral, composé d’après le repentir de ce roi des Juifs et sous son nom, dans des temps postérieurs : Grotius, qui avait du savoir et une grande liberté d’esprit, adopte la seconde opinion (Opp. theolog., t. I, p. 258) ; et