Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 7.djvu/367

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tère, de leur religion et de leur langue, et que leur postérité dégénérée se mêla insensiblement dans la foule obscure des sujets d’Afrique. Toutefois un voyageur de nos jours a trouvé au centre des peuplades maures le teint blanc et la longue chevelure d’une race du nord[1] ; et l’on croyait jadis que les plus courageux des Vandales, cherchant à se soustraire au pouvoir, ou même à la connaissance des Romains, avaient trouvé une liberté solitaire sur les côtes de l’Océan Atlantique[2]. L’Afrique, où ils avaient régné, devint leur prison ; ils ne pouvaient plus ni espérer ni désirer de retourner sur les bords de l’Elbe, où leurs compatriotes, moins entreprenans, erraient encore au milieu de leurs forêts. Il était impossible aux lâches d’affronter les mers inconnues et les Barbares qui se présentaient devant eux : ceux qui avaient du cœur ne pouvaient se résoudre à porter dans leur patrie leur misère et leur honte, à se mettre dans le cas de faire la description de ces royaumes qu’ils avaient perdus, et de réclamer une portion du modeste héritage auquel ils

  1. Shaw, p. 69 ; cependant comme Procope (l. II, c. 13) parle d’une peuplade du mont Atlas, dont on remarquait déjà la peau blanche et les cheveux jaunes, ce phénomène, qu’on retrouve dans les Andes du Pérou (Buffon, t. III, p. 504), peut être attribué à l’élévation du sol et à la température de l’air.
  2. Le géographe de Ravenne (l. III, c. 11, p. 129, 130, 131 ; Paris, 1688) décrit la Mauritania Gaditana (en face de Cadix), ubi gens Vandalorum, à Belisario devicta in Africâ, fugit, et nunquam comparuit.