Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 7.djvu/368

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avaient renoncé presque tous dans des temps plus heureux[1]. Les Vandales habitent aujourd’hui plusieurs bourgades populeuses de la Lusace entre l’Elbe et l’Oder ; ils y conservent leur langage, leurs coutumes, et la pureté de leur sang ; ils portent à regret le joug des Saxons et des Prussiens, et ils obéissent avec une fidélité secrète et volontaire au descendant de leurs anciens rois, que son vêtement et l’état actuel de sa fortune confondent avec le dernier de ses vassaux[2]. Le nom et la situation de cette peuplade malheureuse sembleraient annoncer qu’elle a la même origine que les conquérans de l’Afrique ; mais son dialecte esclavon donne lieu de la regarder comme le dernier reste des colonies qui succédèrent aux Vandales originaires, déjà dispersés ou détruits au temps de Procope[3].

  1. Une seule voix avait protesté, et Genseric avait renvoyé sans une réponse formelle les Vandales de la Germanie ; mais ceux de l’Afrique se moquèrent de sa prudence, et affectèrent de mépriser la pauvreté des forêts de leur patrie. (Procope, Vandal., l. I, c. 22.)
  2. Tollius, qui tenait ces détails de la bouche du grand électeur (en 1687), décrit la royauté secrète et l’esprit de rébellion des Vandales du Brandebourg, qui pouvaient armer cinq ou six mille soldats, et qui s’étaient procuré du canon, etc. (Itinerar. Hungar., p. 42, apud Dubos, Hist. de la Monarch. franc., t. I, p. 182, 183.) On peut suspecter avec raison la véracité, non pas du grand électeur, mais de Tollius.
  3. Procope (l. I, c. 22) était à cet égard dans une ignorance complète, ο‌υδε μνημη τις ο‌υδε ονομα ες εμε σωζεται. Sous le règne de Dagobert (A. D. 630) les tribus esclavonnes des