Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 7.djvu/382

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

servant réellement toute l’autorité. Celui-ci reçut la proposition d’Amalasonthe avec un profond respect et une feinte reconnaissance, et l’éloquent Cassiodore annonça au sénat et à l’empereur qu’Amalasonthe et Théodat étaient montés sur le trône d’Italie ; fils d’une sœur de Théodoric, Théodat n’avait par sa naissance qu’un titre imparfait. Un des motifs du choix d’Amalasonthe fut le mépris qu’il lui inspirait par son avarice et sa pusillanimité qui lui avaient fait perdre l’amour des Italiens et l’estime des Barbares : mais Théodat s’indigna de ce mépris qu’il méritait ; Amalasonthe avait réprimé et lui avait reproché les vexations qu’il exerçait contre les Toscans ses voisins ; et les principaux d’entre les Goths, unis par des torts et un ressentiment commun contre la reine, tâchèrent d’aiguillonner son caractère timide. Les lettres de félicitation étaient à peine expédiées, [Son exil et sa mort. A. D. 535. Avril 30.]qu’on emprisonna la reine d’Italie dans une petite île du lac Bolsena[1], où, après une captivité de peu de durée, elle fut étranglée dans le bain par ordre ou de l’aveu du nouveau monarque, qui apprit à

  1. Le lac nommé aujourd’hui Bolsena était alors appelé Vulsiniensis ou Tarquiniensis, du nom de deux villes de l’Étrurie qui se trouvaient dans ses environs. Il est environné de rochers blanchâtres ; il est plein de poissons, et on voit sur ses bords un grand nombre d’oiseaux. Pline-le-Jeune (epist. 2, 96) parle de deux îles boisées qui flottaient sur ses eaux. Si c’est une fable, que les anciens étaient crédules ! et si le fait est vrai, que les modernes sont négligens ! Au reste, depuis le temps de Pline ces deux îles ont pu être fixées par de nouvelles aggrégations.