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ses sujets factieux à verser le sang de leurs souverains.

Bélisaire envahit et subjugue la Sicile. A. D. 535. Déc. 31.

Justinien voyait avec joie les dissensions des Goths ; la médiation dont il se chargea en qualité d’allié cachait et favorisait les vues ambitieuses du conquérant. Ses ambassadeurs, dans leur audience publique, demandèrent la forteresse de Lilybée, dix Barbares fugitifs, et un dédommagement pour le pillage d’une petite ville sur la frontière d’Illyrie ; mais ils négocièrent en secret avec Théodat pour l’engager à livrer la province de Toscane, et ils exhortaient Amalasonthe à se tirer de péril et d’embarras par une cession volontaire du royaume d’Italie. La reine captive se vit réduite à signer malgré elle une lettre servile et mensongère : mais l’aveu des sénateurs romains envoyés à Constantinople, fit connaître à l’empereur la situation déplorable où elle se trouvait ; et Justinien, par l’organe d’un nouvel ambassadeur, intercéda puissamment pour sa vie et sa liberté. Toutefois des instructions secrètes ordonnaient à ce ministre de servir la cruelle jalousie de Théodora, qui craignait la présence et les charmes d’une rivale[1] :

  1. Amalasonthe n’existait déjà plus lorsque ce nouvel ambassadeur, Pierre de Thessalonique, arriva en Italie ; il n’a donc pu contribuer secrètement à sa mort. « Mais, dit M. de Sainte-Croix, il n’est pas hors de vraisemblance que Théodora soit entrée dans quelque intrigue criminelle avec Gudeline, car cette femme de Théodat lui écrivit pour implorer sa protection, en l’assurant de toute la confiance qu’elle et son mari avaient toujours mise en ses anciennes promesses. (Cassiod., Variar., l. X, c. 20, 21.) Voyez sur