Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 7.djvu/385

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voyage vers la côte d’Afrique. Il y trouva une terre fertile et un peuple ami. Malgré la décadence de l’agriculture, la Sicile approvisionnait toujours les greniers de Rome : ses cultivateurs n’étaient point assujettis aux quartiers militaires ; et les Goths, qui avaient confié la défense de l’île à ses habitans, eurent quelque raison de les accuser d’infidélité et d’ingratitude. En effet les Siciliens, au lieu de solliciter et d’attendre les secours du roi d’Italie, obéirent avec joie à la première sommation de l’ennemi ; et cette province, le premier fruit des guerres puniques, se trouva réunie à l’Empire romain, après en avoir été séparée long-temps[1]. Palerme, défendue par une garnison de Goths, opposa seule de la résistance ; mais elle fut bientôt prise par un singulier moyen. Bélisaire introduisit ses vaisseaux dans la partie du havre la plus voisine de la ville. Ses chaloupes, hissées au sommet de ses mâts de hune, furent remplies d’archers qui, de cette position élevée, dominaient les remparts de la place. À la fin de cette heureuse campagne, qui avait coûté si peu de peines, il entra en triomphe dans Syracuse, à la tête de ses troupes, le dernier jour de son consulat, qu’il terminait ainsi d’une manière bien glorieuse, et il distribua au peuple des médailles d’or. Il passa l’hiver dans le palais des anciens rois, au milieu des

  1. Comparez, sur la conquête de la Sicile, la narration de Procope avec les plaintes de Totila. (Gothic., l. I, c. 5 ; l. III, c. 16.) La reine des Goths avait donné récemment des secours à cette île ingrate. (Var., IX, 10, 11.)