Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 7.djvu/384

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il hâta, par des paroles artificieuses et équivoques, l’exécution d’un crime si utile aux Romains[1], donna, en apprenant la mort de la reine, tous les signes de la douleur et de l’indignation, et annonça au nom de son maître une guerre immortelle contre ses perfides assassins. En Italie aussi-bien qu’en Afrique, le crime d’un usurpateur semblait justifier l’agression de Justinien ; mais les troupes qu’il rassembla n’auraient pas suffi pour le renversement d’une puissante monarchie, si le nom, le courage et la conduite d’un héros ne les eussent en quelque sorte multipliées. Une nombreuse troupe choisie de gardes à cheval, et armés de lances et de boucliers, étaient attachés à la personne de Bélisaire ; deux cents Huns, trois cents Maures et quatre mille confédérés formaient sa cavalerie, et il n’avait en infanterie que trois mille Isauriens. Prenant la même route que dans sa première expédition, le consul jeta l’ancre devant Catane, ville de Sicile, afin d’examiner la force de l’île, et de décider s’il essaierait de la conquérir, ou s’il continuerait paisiblement son

    Amalasonthe et les auteurs de sa mort, une excellente dissertation de M. de Sainte-Croix dans les Archives littéraires, rédigées par M. Vanderbourg, no 50, t. XVII, p. 216. (Note de l’Éditeur.)

  1. Au reste, Procope discrédite lui-même son témoignage (Anecdot., l. XVI), en avouant qu’il n’a pas dit la vérité dans son histoire publique. (Voy. les lettres de la reine Gudeline à l’impératrice Théodora, Var., X, 20, 21, 23 ; avec le savant Commentaire de du Buat, t. X, p. 177-185, et observez l’expression suspecte de illâ personâ.)