Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 7.djvu/404

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des angles aigus ; un fossé large et profond défendait le pied du rempart ; et les archers qui garnissaient les créneaux tiraient des secours de plusieurs machines de guerre, telles que la baliste, arc énorme qui lançait des corps très-lourds, et des onagres, ou ânes sauvages, lesquels, à la manière de la fronde, jetaient des pierres et des boulets d’une grosseur prodigieuse[1]. Une chaîne fermait le Tibre ; les arceaux des aqueducs furent bouchés, et le môle ou sépulcre d’Adrien servit pour la première fois de citadelle[2]. Ce respectable édifice, qui contenait la cendre des Antonins, offrait une tour ronde, élevée sur une base quadrangulaire ; il était couvert de marbre blanc de Paros, et orné de statues des dieux et des héros ; et l’amateur des arts apprendra avec douleur que les chefs-d’œuvre de Praxitèle ou de Lysippe furent arrachés de leurs piédestaux et

    voient encore aujourd’hui. (Donat., Roma vetus, l. I, c. 17, p. 53, 54.)

  1. Juste-Lipse (Opp., t. III ; Polior., l. III) ne connaissait pas ce passage clair et frappant de Procope. (Goth., l. I, c. 21.) Cette machine de guerre était appelée οναγρος, l’âne sauvage, a calcitrando. Henri Étienne (Thesaur. Linguæ græc., t. II, p. 1340, 1341 ; t. III, p. 877). J’en ai vu un modèle imaginé et exécuté par le général Melville, qui imite ou surpasse l’art de l’antiquité.
  2. La description par Procope (l. I, c. 25) de ce mausolée ou de ce môle, est la première et la meilleure de toutes celles que l’on a faites. La hauteur au-dessus des murs σχεδον ες λιθο‌υ βολην, sur le grand plan de Nolli ; les côtés ont deux cent soixante pieds anglais.