Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 7.djvu/410

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le quartier du Vatican ; et s’ils n’avaient perdu dans le pillage du camp des instans irréparables, ils se seraient emparés du pont Milvius, et auraient attaqué les derrières de l’armée des Goths. Bélisaire s’avançait de l’autre côté du Tibre, sortant des portes Pincienne et Salarienne ; mais le petit nombre de ses troupes, qui peut-être n’excédait pas quatre mille hommes, se trouvait comme perdu dans une plaine spacieuse : elles furent environnées et accablées par des corps frais qui venaient relever sans cesse les rangs des Barbares qu’on mettait en déroute. Les braves chefs de son infanterie n’étaient pas encore formés à la victoire, ils surent mourir ; la retraite, faite avec précipitation, fut couverte par la prudence du général, et les vainqueurs reculèrent d’effroi à la vue des guerriers qui garnissaient le rempart. Cette défaite ne nuisit point à la réputation de Bélisaire ; et la vaine confiance des Goths ne fut pas moins utile à ses desseins que le repentir et la modestie des troupes romaines.

Détresse de la ville.

Du moment où Bélisaire avait résolu de soutenir un siége, il avait cherché, par des soins assidus, à garantir Rome de la famine, plus terrible que les armes des Goths. Il fit venir de la Sicile un secours extraordinaire de grains ; il enleva, pour le service de la capitale, les récoltes de la Campanie et de la Toscane ; et la puissante raison de la sûreté publique le força d’attenter à la propriété particulière. Il était facile de prévoir que l’ennemi s’emparerait des aquéducs : bientôt les moulins à eau furent arrêtés ; mais