Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 7.djvu/426

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

traités et de leur commune religion, de se réunir à lui dans une sainte entreprise contre les ariens. Les Goths, plus pressés par le besoin de secours, voulurent employer des moyens de persuasion plus efficaces ; ils essayèrent vainement, par des dons de terres et d’argent, de s’assurer l’amitié ou du moins la neutralité d’une nation légère et perfide[1] : mais dès que les armes de Bélisaire et la révolte des Italiens eurent ébranlé la monarchie des Goths, Théodebert d’Austrasie, le plus puissant et le plus belliqueux des rois mérovingiens, consentit à les secourir indirectement dans leur détresse. Dix mille Bourguignons, qui depuis peu reconnaissaient ses lois, descendirent des Alpes, sans attendre l’aveu de leur souverain, et se joignirent aux troupes que Vitigès avait envoyées contre les rebelles de Milan. Après un siége opiniâtre, la capitale de la Ligurie fut réduite par la famine, et la retraite de la garnison romaine fut la seule capitulation qu’elle put obtenir. Datius, évêque orthodoxe, qui avait entraîné ses compatriotes dans la rébellion[2] et causé ainsi leur

  1. Ce reproche de perfidie (Procope, Goth., l. II, c. 25) blesse La Motte le Vayer (t. VIII, p. 163-165.) On dirait, d’après ses critiques, qu’il n’avait pas lu l’historien grec.
  2. Baronius loue la trahison de Datius, et justifie les évêques catholiques : Qui ne sub heretico principe degant, omnem lapidem movent. Précaution vraiment utile ! Muratori, plus raisonnable (Ann. d’Italia, t. V, 54), laisse entrevoir qu’il les regarde comme des parjures, et il blâme du moins l’imprudence de Datius.