Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 7.djvu/427

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ruine, se sauva à la cour de Byzance, où il vécut dans le luxe et les honneurs[1] ; mais le clergé, peut-être arien, de la ville de Milan, fut massacré au pied de ses autels par les défenseurs de la foi catholique. On dit que trois cent mille hommes furent égorgés[2] ; les femmes et les effets les plus précieux furent abandonnés aux Bourguignons, [Destruction de Milan.] et l’on rasa les maisons ou seulement les murs de Milan. Les Goths, dans les derniers momens de leur existence, se vengèrent du moins en détruisant une ville qui, par sa grandeur et sa richesse, la splendeur de ses édifices et le nombre de ses habitans, ne le cédait qu’à Rome même ; et Bélisaire seul compatit à la destinée des amis fidèles qu’on l’avait forcé d’abandonner. Théodebert, enorgueilli par cette heureuse incursion, revint au printemps de l’année suivante, et il fit une invasion dans les plaines de l’Italie, à la tête d’une armée de cent mille Barbares[3].

  1. S. Datius fut plus heureux contre les démons que contre les Barbares. Il voyagea avec une suite nombreuse, et il occupa à Corinthe une grande maison. (Baronius, A. D. 538, no 89 ; A. D. 539, no 20.)
  2. Μυριαδες τριακοντα. (Voyez Procope, l. II, c. 7, 21.) Au reste, une population aussi nombreuse paraît incroyable. Milan, quoique la seconde ou la troisième ville de l’Italie, n’aura pas à se plaindre si nous retranchons un zéro du texte. Milan et Gênes se relevèrent en moins de trente ans. (Paul Diacre, De gest. Langobard., l. II, c. 38).
  3. Outre Procope, trop disposé peut-être en faveur des Romains, voy. les Chroniques de Marius et de Marcellin, Jornandès, in Success. reg. in Muratori, t. I, p. 241 ; et