Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 7.djvu/445

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

à coucher s’ouvrit, et la femme de Bélisaire y vit son amant, dont les soins des eunuques avaient découvert la prison. Muette d’abord de plaisir et d’étonnement, elle fit éclater ensuite par des exclamations passionnées sa reconnaissance et sa joie ; elle s’écria que Théodora était sa bienfaitrice et son sauveur. Le moine d’Éphèse goûta dans le palais toutes les délices du plaisir et de l’ambition ; mais au lieu de prendre, comme on le lui avait promis, le commandement des armées, il expira dans les premières fatigues d’une entrevue amoureuse. [Antonina persécute son fils.]Les douleurs d’Antonina ne purent être adoucies que par les souffrances de son fils. Un jeune homme d’un rang consulaire, et d’une constitution faible, fut puni sans être entendu, comme un malfaiteur et un esclave ; mais telle fut son intrépidité, que sous le fer des bourreaux et pendant la torture, il ne viola point la foi qu’il avait jurée à Bélisaire. Après cette infructueuse cruauté, Photius fut traîné dans les prisons souterraines d’Antonina, où tandis que sa mère se réjouissait avec l’impératrice, il était absolument privé de la clarté du jour. Il se sauva deux fois, et les deux églises les plus respectées de Constantinople, celles de Sainte-Sophie et de la Vierge, lui servirent d’asiles ; mais ses tyrans étaient aussi insensibles à la religion qu’à la pitié, et l’infortuné jeune homme fut arraché deux fois du pied des autels, au milieu des cris du clergé et du peuple, et reconduit dans son cachot. Sa troisième tentative réussit mieux. Après trois ans de captivité, le prophète Zacharie,