Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 7.djvu/446

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

ou quelque protecteur terrestre, lui indiqua les moyens de se sauver : il échappa aux espions et aux gardes de l’impératrice, atteignit le Saint-Sépulcre de Jérusalem, où il se fit moine ; et après la mort de Justinien, l’abbé Photius fut employé à réconcilier et à régler les Églises de l’Égypte. Le fils d’Antonina souffrit tout ce que peut inventer la haine d’un ennemi, et son patient époux s’imposa à lui-même le tourment plus cruel encore de violer sa promesse et d’abandonner son ami.

Disgrâce et soumission de Bélisaire.

La campagne suivante, il fut encore chargé de la guerre contre les Perses. Il sauva l’Orient, mais il offensa Théodora, et peut-être l’empereur lui-même. La maladie de Justinien avait donné lieu au bruit de sa mort, et le général romain, croyant que l’empereur ne vivait plus, parla avec la liberté d’un citoyen et d’un soldat. Buzès, son collègue, qui partageait ses sentimens, perdit ses emplois, sa liberté et sa santé, par suite des persécutions de l’impératrice. Si la disgrâce de Bélisaire fut moins éclatante, il le dut au respect qu’il inspirait, et au crédit de sa femme, qui pouvait vouloir humilier son mari, mais non pas perdre entièrement le compagnon de sa fortune. On chercha même un prétexte à son rappel ; on prétendait que, dans l’état fâcheux où se trouvaient les affaires de l’Italie, il suffisait, pour les rétablir, de la seule présence de son vainqueur ; mais dès qu’il fut aux portes de Constantinople seul et sans défense, on dépêcha dans l’Orient des commissaires qui eurent ordre de saisir ses trésors, et de chercher les