Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 7.djvu/54

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

L’homicide expié par une amende pécuniaire.

Lorsque la loi condamne irrémissiblement le meurtrier à la mort, chaque citoyen considère la loi, le magistrat et le gouvernement comme les garans de sa sûreté personnelle ; mais dans la société licencieuse des Germains, la vengeance était toujours honorable et souvent méritoire. Chaque guerrier indépendant châtiait de sa propre main celui dont il avait à se plaindre ou qu’il avait lui-même offensé, sans craindre d’autre danger que le ressentiment des fils ou des parens de l’ennemi qu’il avait sacrifié à son intérêt ou à son ressentiment. Le magistrat sans autorité, n’osant entreprendre de punir, tâchait de réconcilier, et se trouvait heureux lorsqu’il pouvait obtenir du meurtrier et faire accepter à l’offensé la somme modérée qui avait été fixée pour le prix du sang[1]. Le caractère fougueux et indocile des Francs

    tit. 57, du code de Lindenbrog, p. 664.) Mais cet exemple est trop récent ou trop partiel. D’après une variante de la loi Salique (tit. 44, no 45) l’abbé de Mably a conjecturé que les Barbares eurent d’abord seuls le droit de suivre la loi Salique, et qu’insensiblement il devint commun à tous, et par conséquent aux Romains. Je suis fâché de contrarier cette ingénieuse conjecture, en observant que le sens est exprimé strictement dans la copie corrigée du temps de Charlemagne par le mot Barbarum, et qu’il est confirmé par le Ms. royal, et celui de Wolfenbuttel. L’interprétation plus vague d’hominem n’est autorisée que par le Ms. de Fulde, d’après lequel Héroldus publia son édition. Voyez les quatre textes originaux de la loi Salique, t. IV, p. 147, 173, 196, 900.

  1. Dans les temps héroïques de la Grèce le meurtre s’ex-