Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 7.djvu/88

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les malheureux, travaillèrent avec succès à rallumer les flammes de la persécution, et à élever la mitre au-dessus de la couronne. Cependant les conciles nationaux de Tolède, dans lesquels la politique épiscopale dirigea et tempéra l’esprit indocile des Barbares, établirent quelques lois sages, également avantageuses pour les rois et pour leurs sujets. Lorsque le trône vaquait, le choix d’un monarque appartenait aux évêques et aux palatins ; et après l’extinction de la race d’Alaric, ils conservèrent au noble et pur sang des Goths le droit exclusif de succession à la couronne. Le clergé, qui sacrait le prince légitime, recommandait toujours au peuple et pratiquait quelquefois le devoir de la fidélité et de l’obéissance ; et les foudres de l’Église menaçaient les sujets impies qui conspiraient contre leur souverain, qui résistaient à son autorité, ou qui violaient la chasteté même de sa veuve par une union indécente ; mais en montant sur le trône, le monarque faisait à Dieu et aux peuples le serment de remplir ses devoirs avec exactitude. Une aristocratie redoutable se réservait le droit de contrôler les fautes réelles ou imaginaires de son administration, et une loi fondamentale assurait aux évêques et aux palatins le privilége de n’être ni emprisonnés, ni dégradés, ni mis à la torture, punis de mort ou même d’exil ou de confiscation, sans avoir été jugés publiquement et librement par leurs pairs[1].

  1. Les Actes des conciles de Tolède sont encore aujourd’hui les monumens les plus authentiques de l’Église et de