Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 8.djvu/106

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couronne ; et Totila, neveu du dernier roi, entraîné par la vengeance, fut prêt à se livrer aux Romains avec la garnison de Trévigo ; mais on persuada facilement à ce jeune homme valeureux et accompli de préférer le trône des Goths au service de Justinien ; et dès qu’on eut délivré le palais de Pavie de l’usurpateur nommé par les Rugiens, il rassembla cinq mille soldats, et entreprit de rétablir le royaume d’Italie.

Victoires de Totila, roi d’Italie. A. D. 541-544.

Les onze généraux égaux en pouvoir qui succédèrent à Bélisaire, négligèrent d’écraser les Goths faibles et désunis, jusqu’à ce qu’enfin les progrès de Totila et les reproches de Justinien les tirèrent de leur inaction. Les portes de Vérone furent secrètement ouvertes à Artabaze, qui y entra à la tête de cent soldats perses au service de l’empereur. Les Goths abandonnèrent la ville. Les généraux romains s’arrêtèrent à soixante stades pour régler le partage du butin. Tandis qu’ils disputaient sur cet article, l’ennemi s’apercevant du petit nombre des vainqueurs, fondit sur les Perses qui furent accablés à l’instant, et ce fut en sautant du haut des remparts qu’Artabaze conserva une vie dont il fut privé, peu de jours après, par la lance d’un Barbare qui l’avait défié à un combat singulier. Vingt mille Romains se mesurèrent avec les forces de Totila près de Faenza, et sur les collines de Mugello, qui fait partie du territoire de Florence. Des hommes libres combattant pour reconquérir leur pays, voyaient devant eux des troupes mercenaires dont le courage languissant n’offrait pas même le mérite d’une servitude vigou-