Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 8.djvu/107

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reuse et bien disciplinée. Dès le premier choc, les Romains abandonnèrent leurs drapeaux, jetèrent leurs armes, et se dispersèrent de tous côtés avec une vitesse qui diminua leur perte, mais qui acheva de les couvrir de honte. Le roi des Goths, rougissant de la lâcheté de ses ennemis, suivit rapidement le chemin de l’honneur et de la victoire. Il passa le , traversa l’Apennin, remit à un autre temps l’importante conquête de Ravenne, de Florence et de Rome ; et continuant sa route par le centre de l’Italie, il vint former le siége ou plutôt le blocus de Naples. Les chefs romains, emprisonnés chacun dans leurs villes et s’imputant l’un à l’autre ce revers, n’osaient troubler son entreprise ; mais l’empereur, effrayé de la détresse et du danger où se trouvaient ses conquêtes d’Italie, envoya au secours de Naples une flotte de galères et un corps de soldats de la Thrace et de l’Arménie. Ces troupes débarquèrent dans la Sicile, qui les approvisionna de ses riches magasins ; mais les délais du nouveau commandant, magistrat qui n’entendait rien à la guerre, prolongèrent les maux des assiégés ; et les secours qu’enfin il laissa timidement s’échapper vers eux, furent successivement interceptés par les navires armés que Totila avait placés dans la baie de Naples. Le principal officier des Romains fut traîné au pied du rempart, la corde au cou, et là, d’une voix tremblante, il exhorta les citoyens à implorer, comme lui, la merci du vainqueur. Les habitans demandèrent une trêve et promirent de rendre la place, si, dans l’espace d’un