Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 8.djvu/109

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Florence, Pérouse, Spolette, etc., du poids d’une autorité qu’ils n’employaient que pour satisfaire leur avarice ou leur incontinence. On avait chargé du soin d’augmenter le revenu du fisc, Alexandre, financier subtil, bien versé dans la fraude et les vexations des écoles de Byzance, et qui tirait son surnom de Psalliction (les ciseaux)[1], de l’habileté avec laquelle il diminuait le poids des monnaies d’or sans en effacer l’empreinte. Au lieu d’attendre le retour de la paix et de l’industrie, il chargea les biens des citoyens d’impôts accablans ; toutefois ses extorsions actuelles ou celles qu’il donnait lieu de craindre, inspiraient moins de haine que les recherches rigoureuses et arbitraires exercées sur les personnes et les propriétés de ceux qui, sous les rois goths, avaient eu part à la recette et à la dépense du trésor public. Ceux des sujets de Justinien qui échappèrent à ces vexations partielles, ne purent se soustraire à la rapacité des soldats qui, trompés et méprisés par Alexandre, cherchaient dans le maraudage une ressource contre l’indigence et la faim ; et les habitans des campagnes n’eurent plus de sûreté à espérer que dans les vertus d’un Barbare[2]. Totila

  1. Comme le logothète Alexandre et la plupart de ses collègues dans l’ordre civil et militaire se trouvaient, à l’époque où écrivit Procope, disgraciés ou sans crédit, il n’a eu que peu de choses à ajouter dans ses Anecdotes (c. 4, 5, 18) à la liberté satirique avec laquelle il les traite dans l’Histoire des Goths, l. III, c. 1, 3, 4, 9, 20, 21, etc.
  2. Procope (l. III, c. 2, 8, etc.) rend avec plaisir une