Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 8.djvu/110

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était continent et frugal ; ses amis ou ses ennemis ne furent jamais déçus dans l’espoir qu’ils fondèrent sur sa fidélité ou sur sa clémence. Les cultivateurs de l’Italie obéirent avec joie à une proclamation du roi des Goths qui leur enjoignait de suivre leurs importans travaux, et leur promettait que, sans payer au-delà des taxes ordinaires, ils se verraient, par la valeur et la discipline de ses troupes, entièrement à l’abri des maux de la guerre. Il attaqua successivement toutes les villes fortifiées ; et quand il les avait soumises, il en démolissait les fortifications, afin d’épargner au peuple les maux d’un nouveau siége, de priver les Romains des ressources qu’ils pouvaient trouver dans l’art de défendre les places, et de terminer en pleine campagne, d’une manière plus égale et plus noble, la longue querelle des deux nations. Les captifs et les déserteurs romains se laissèrent aisément persuader de passer sous les drapeaux d’un ennemi libéral et affable ; il attira les esclaves par une inviolable promesse de ne les jamais livrer à leurs maîtres : et des mille guerriers de Pavie se forma bientôt dans le camp de Totila un nouveau peuple qui porta également le nom de peuple goth. Il remplit de bonne foi les articles de la capitulation, sans chercher et sans tirer aucun avantage des expressions équivoques ou des événemens imprévus. Les troupes de la garnison de Naples avaient stipulé

    ample justice au mérite de Totila. Les historiens romains, depuis Salluste et Tacite, se plaisaient à oublier les vices de leurs compatriotes, en peignant les vertus des Barbares.