Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 8.djvu/113

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nués de tout ce qu’il faut pour la guerre. Lors de notre dernière course dans les villages de la Thrace et de l’Illyrie, nous avons rassemblé, avec des difficultés extrêmes, environ quatre mille recrues, qui ne sont pas vêtues et qui ne savent ni manier les armes, ni faire le service d’un camp. Les soldats que j’ai trouvés dans la province sont mécontens, timides et épouvantés. Dès qu’on leur annonce l’ennemi, ils abandonnent leurs chevaux et jettent leurs armes. On ne peut lever aucun impôt, puisque l’Italie est dans les mains des Barbares. La suspension de payement nous a privés du droit de donner des ordres et même des avis. Soyez sûr, redoutable seigneur, que la plus grande partie de vos troupes a déjà passé sous l’étendard des Goths. Si la présence seule de Bélisaire pouvait terminer la guerre, vos désirs seraient satisfaits. Bélisaire est au milieu de l’Italie ; mais si vous voulez triompher, il faut bien d’autres préparatifs : le titre de général n’est qu’un vain nom, lorsqu’il n’est pas accompagné de forces militaires. Il serait à propos de me rendre mes vétérans et mes gardes domestiques. Je ne puis entrer en campagne qu’après l’arrivée d’un renfort de troupes légères et de troupes pesamment armées ; et ce n’est qu’avec de l’argent comptant que vous pouvez vous procurer un corps considérable de la cavalerie des Huns, dont nous avons un besoin indispensable[1]. » Un officier en

  1. Procope, l. III, c. 12. L’âme d’un héros se fait sentir dans cette lettre, et on ne doit pas confondre ces morceaux