Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 8.djvu/114

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qui Bélisaire avait confiance, partit de Ravenne pour hâter et amener les secours ; mais le messager négligea sa mission, et un mariage avantageux le retint à Constantinople. Poussé à bout par les délais, trompé dans toutes ses espérances, Bélisaire repassa la mer Adriatique, et attendit à Dyrrachium l’arrivée des troupes qu’on levait avec lenteur parmi les sujets et les alliés de l’empire. Après les avoir reçues, ses forces ne suffisaient pas encore à la délivrance de Rome, que le roi des Goths serrait de toutes parts. Les Barbares couvraient la voie Appienne, longue de quarante journées de marche, et Bélisaire, à qui la prudence ordonnait d’éviter une bataille, préféra la route de mer, plus prompte et plus sûre, qui, en cinq jours, devait le porter de la côte de l’Épire à l’embouchure du Tibre.

Rome assiégée par les Goths. A. D. 546. Mai.

Après avoir réduit par la force ou par les traités les villes inférieures des provinces du centre de l’Italie, Totila se disposa, non à donner un assaut à l’ancienne capitale de l’empire, mais à l’environner et à l’affamer. Rome était défendue par la valeur, mais opprimée par l’avarice de Bessas, vieux général d’extraction gothique, qui avec trois mille soldats garnissait la vaste circonférence de ses antiques murailles. Il trafiquait de la misère du peuple, et se réjouissait en secret de la durée du siége. C’était pour augmenter sa fortune qu’on avait rempli les greniers. La charité du pape Vigile avait acheté en Sicile et

    authentiques et originaux, avec les harangues si travaillées, et souvent si vides, des historiens de Byzance.