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Préparatifs de Justinien pour la guerre contre les Goths. A. D. 549-551.

Justinien ne voulait point entendre à la paix, et négligeait de soutenir la guerre ; et l’indolence de son naturel trompait à quelques égards l’opiniâtreté de ses passions. Il fut tiré de ce salutaire repos par le pape Vigile et le patricien Cethegus : ils se présentèrent au pied de son trône, le conjurant, au nom de Dieu et au nom du peuple, de conquérir et de délivrer l’Italie. La sagesse et le caprice concoururent également au choix des généraux chargés de cette guerre. Une flotte et une armée allèrent, sous les ordres de Liberius, au secours de la Sicile : on ne tarda pas à reconnaître son trop d’âge et son peu d’expérience, et on lui ôta le commandement avant qu’il eût touché les côtes de l’île. Artaban, ce conspirateur dont nous avons parlé plus haut, fut tiré de sa prison et mis à la place de Liberius, dans la confiante espérance que la reconnaissance animerait sa valeur et soutiendrait sa fidélité. Bélisaire se reposait à l’ombre de ses lauriers ; on réservait le commandement de l’armée principale à Germanus[1], neveu de l’empereur, que dans une cour jalouse son rang et son mérite condamnaient depuis long-temps à l’obscurité. Théodora l’avait blessé dans ses droits de citoyen en ce qui concernait le mariage de ses enfans et le testament

  1. Voyez les actions de Germanus dans l’Hist. publique de Procope (Vand., l. II, c. 16, 17, 18 ; Goth., l. III, c. 31, 32) et dans l’Histoire secrète (Anecd., c. 5) ; et celles de son fils Justin, dans Agathias (l. IV, p. 130, 131). Malgré l’expression équivoque de Jornandès, fratri suo, Aleman. a prouvé qu’il était fils du frère de l’empereur.