Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 8.djvu/142

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fougueux coursier tous les pas et toutes les évolutions d’un exercice de manège. Du moment où ses dernières troupes l’eurent joint, il se retira dans sa tente ; il y prit l’habit et les armes d’un simple soldat, et donna le signal du combat. La première ligne de sa cavalerie s’avança avec plus de courage que de prudence, et laissa sur ses derrières l’infanterie de la seconde ligne. Elle eut bientôt à se défendre des cornes d’un croissant qu’avaient formé peu à peu les ailes de l’ennemi, et elle fut assaillie de chaque côté par les traits de quatre mille archers. Son ardeur et même sa détresse la précipitèrent sur les Romains, contre lesquels elle eut à soutenir un combat inégal, ne pouvant se servir que de la lance contre un ennemi qui maniait toutes les armes avec la même habileté. Une généreuse émulation enflammait les Romains et les Barbares leurs alliés. Narsès, qui examinait et qui dirigeait tranquillement leurs efforts, ne sut à qui adjuger le prix de la bravoure. La cavalerie des Goths commença à s’étonner ; pressée dans ce moment de désordre, elle fut bientôt entièrement rompue ; leur infanterie, au lieu de présenter ses piques ou d’ouvrir ses rangs, fut écrasée sous les pieds des chevaux qui s’enfuyaient. Six mille Goths furent massacrés sans pitié dans le champ de Tagina. Asbad, de la race des Gépides, atteignit leur roi, accompagné alors seulement de cinq personnes. « Épargnez le roi d’Italie, » s’écria l’un de ces sujets affectionnés ; et aussitôt Asbad perça Totila de sa lance. Les fidèles Goths le vengèrent au même in-