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au-delà des Alpes. Le changement de climat et les maladies avaient déjà détruit une partie de leurs troupes : les Germains célébrèrent joyeusement les vendanges de l’Italie, et les funestes effets de leur intempérance vengèrent à un certain point les maux d’un peuple sans défense.

Défaite des Francs et des Allemands par Narsès. A. D. 554.

Les troupes de l’empereur, en garnison dans les villes, se réunirent dès les premiers jours du printemps, aux environs de Rome, où elles formèrent une armée de dix-huit mille hommes. Elles n’avaient pas passé l’hiver dans l’oisiveté. Chaque jour, d’après l’ordre et l’exemple de Narsès, elles avaient fait l’exercice à pied et à cheval ; elles s’étaient accoutumées à obéir au son de la trompette, et à exécuter les pas et les évolutions de la danse pyrrhique. Des bords du détroit de la Sicile, Buccelin s’avança lentement vers Capoue à la tête de trente mille Francs ou Allemands ; il établit une tour de bois sur le pont de Cassilinum ; il couvrit sa droite par le Vulturne, et fortifia le reste de son camp d’un rempart de pieux aigus et d’un cercle de chariots dont les roues étaient profondément enfoncées en terre. Il attendait avec impatience le retour de Lothaire. Hélas ! il ignorait que son frère ne pouvait plus revenir, et qu’une étrange maladie[1] avait fait périr ce général et son

  1. Voyez la mort de Lothaire dans Agathias (l. II, p. 38, et dans Paul Warnefrid, surnommé le Diacre, l. II, c. 3, p. 775.) Si l’on en croit l’écrivain grec, Lothaire eut des accès de fureur, et il se déchira le corps. Il avait pillé des églises.