Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 8.djvu/162

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d’or, et le sénat partageait les fatigues et les craintes de la populace.

Dernière victoire de Bélisaire.

Mais les yeux du prince et du peuple se portèrent sur un vétéran affaibli par les années, et que le danger public détermina à reprendre cette armure sous laquelle il avait subjugué Carthage et défendu Rome. On rassembla à la hâte les chevaux des écuries du prince, ceux des particuliers et même ceux du cirque : jeunes gens et vieillards, tout s’anima au nom de Bélisaire ; et il alla établir son premier camp en présence d’un ennemi victorieux. Les paysans travaillèrent avec zèle à l’entourer d’un rempart et d’un fossé, par lesquels il jugea prudent d’assurer le repos de la nuit : il fit allumer des feux sans nombre et augmenter les nuages de poussière, afin de tromper l’ennemi sur le petit nombre de ses soldats. Ceux-ci passèrent tout à coup du découragement à la présomption ; dix mille voix demandèrent le combat, et Bélisaire se garda de laisser apercevoir que ses trois cents vétérans étaient les seuls sur lesquels il crût pouvoir compter au moment de l’action. Le lendemain, la cavalerie des Bulgares commença l’attaque. Ils furent reçus par d’épouvantables cris : ils furent frappés de l’éclat des armes et du bon ordre que présentait le front de l’armée romaine. Deux corps embusqués sortirent des bois et les prirent en flanc ; les premiers de leurs guerriers qui osèrent s’approcher, éprouvèrent la force des coups du vieux héros et de ses gardes ; et son armée les chargea et les suivit de si près, que la vitesse de leurs évolutions leur