Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 8.djvu/165

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

orthodoxes et des hérétiques, dégénéraient en combats sanglans, et le prince eut à rougir devant l’ambassadeur de Perse pour ses sujets et pour lui-même. Des pardons accordés par caprice et des châtimens infligés d’une manière arbitraire, aigrissaient le mécontentement et l’ennui d’un long règne ; une conspiration se forma dans le palais ; et si nous ne sommes pas abusés par les noms de Marcellus et de Sergius, ce complot réunit le plus vertueux et le plus vicieux des courtisans. Après avoir fixé l’époque de l’exécution, ils se rendirent au banquet royal, où leur dignité leur permettait de se trouver. Leurs esclaves noirs[1], placés dans le vestibule et les portiques, devaient annoncer la mort du tyran, et exciter une sédition dans la capitale ; mais l’indiscrétion d’un complice sauva les tristes restes de la vie de Justinien. On découvrit et on arrêta les conspirateurs ; des poignards furent trouvés cachés sous leurs vêtemens, Marcellus se donna la mort, et Sergius fut arraché du pied des autels où il s’était réfugié[2].

  1. Ινδο‌υς. Il est difficile de penser qu’ils fussent originaires de l’Inde ; et les anciens n’employèrent jamais en qualité de gardes ou de domestiques les naturels de l’Éthiopie, auxquels on a donné quelquefois le nom d’Indiens. Inutiles et coûteux, ils ne servaient qu’au luxe des femmes ou des rois. (Térence, Eunuque, act. I, scène 2 ; Suétone, in August., c. 83 ; avec une bonne note de Casaubon, in Caligulâ, c. 57.)
  2. Procope parle de Sergius (Vandal., l. II, c. 21, 22 ; Anecd., c. 5) et de Marcellus (Goth., l. III, c. 32). Voyez aussi Théophane, p. 197, 201.