Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 8.djvu/181

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time, frappée de la menace ou de l’atteinte d’un spectre invisible, désespérait alors de sa vie ; mais une légère fièvre surprenait le plus grand nombre dans leur lit, au milieu des rues ou de leurs occupations ordinaires. Cette fièvre était même si légère, que le pouls ou le teint du malade ne donnait aucun signe de danger. Le même jour, le lendemain ou le surlendemain, il se déclarait par une enflure aux glandes, surtout à celles des aines, des aisselles et des oreilles ; et lorsque ces bubons ou tumeurs s’ouvraient, on y trouvait un charbon ou une substance noire de la grosseur d’une lentille. Quand les bubons prenaient toute leur croissance et tombaient en suppuration, cette évacuation naturelle de l’humeur morbifique sauvait le malade ; mais s’ils demeuraient durs et secs, la gangrène s’ensuivait promptement, et le cinquième jour était communément le terme fatal de la maladie. La fièvre était souvent accompagnée de délire ou de léthargie : des pustules noires ou carboncles, symptômes d’une mort très-prochaine, couvraient souvent le corps du malade. Dans les tempéramens trop faibles pour produire une éruption, un vomissement de sang était bientôt suivi de la gangrène dans les intestins. En général, la peste était mortelle pour les femmes grosses ; toutefois un enfant fut tiré vivant du sein de sa mère qui avait succombé à la maladie, et trois femmes survécurent à la perte de leur fœtus infecté de la peste : la jeunesse

    publiquement par Fabius-Paullinus d’Udine, médecin et philosophe, dans la Bibliothéque de Saint-Marc.