Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 8.djvu/209

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tions les plus sages du Code et des Pandectes portent les noms de Caracalla et de ses ministres[1]. Le tyran de Rome se montra quelquefois le bienfaiteur des provinces. Un poignard termina les crimes de Domitien ; mais ses lois, dont un sénat indigné avait dans les premiers transports de joie que lui causait sa délivrance, ordonné l’annullation, furent rétablies par son successeur le prudent Nerva[2]. [Leurs rescrits.]Cependant dans les rescrits[3] ou réponses aux consultations des magistrats, le plus éclairé des princes pouvait avoir été trompé par un exposé partial de la question ; et la raison ainsi que l’exemple de Trajan condamnèrent en vain cet abus qui mettait les décisions du souverain au niveau des actes de la législation les plus réfléchis. Les rescrits de l’empereur, ses concessions et ses décrets, ses édits et ses pragmatiques sanctions, signés en encre pourprée[4], étaient

  1. Le code offre deux cents constitutions qu’Antonin Caracalla publia seul, et cent soixante qu’il publia de concert avec son père. Ces deux princes sont cités cinquante fois dans les Pandectes, et huit dans les Institutes. Terrasson, p. 265.
  2. Pline-le-Jeune, Epist. X, 66 ; Suét., in Domitian., c. 23.
  3. Constantin avait pour maxime : Contra jus rescripta non valeant. Code Théodosien, l. I, tit. 2, leg. 1. Les empereurs permettaient, quoique à regret, quelque examen sur la loi et sur le fait, quelques délais, quelque droit de requête ; mais ces remèdes insuffisans étaient trop au pouvoir des juges, et il était trop dangereux pour eux de les employer.
  4. Cette encre était un composé de vermillon et de cinabre ; on la trouve sur les diplômes des empereurs, depuis