Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 8.djvu/226

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

des provinces grecques ignoraient la langue de ces lois qui disposaient de leurs propriétés et de leur vie ; et le dialecte barbare des Latins était assez mal enseigné dans les académies de Béryte et de Constantinople. Justinien, né au milieu des camps de l’Illyrie, était familiarisé avec ce langage dès son enfance : il avait dans sa jeunesse étudié la jurisprudence, et il choisit, pour travailler avec lui à la réforme, les plus savans jurisconsultes de l’Orient[1]. La théorie des professeurs fut aidée par la pratique des avocats et l’expérience des magistrats ; et l’esprit de Tribonien anima toute l’entreprise[2]. [Tribonien. A. D. 527-546.]Cet homme extraordinaire, objet de tant d’éloges et de critiques, était né à Side dans la Pamphilie ; et son génie, semblable à celui de Bacon, embrassa comme son domaine toutes les

  1. Pour suivre les travaux de Justinien sur les lois j’ai étudié la préface des Institutes ; la première, la seconde et la troisième préface des Pandectes ; la première et la seconde préface du Code, et le Code lui-même (l. I, tit. 17, De veteri jure enucleando). Après ces témoignages originaux j’ai consulté parmi les modernes Heineccius (Hist. J. R., nos 383-404), Terrasson (Hist. de la Jurisp. rom., p. 295-356), Gravina (Opp., p. 93-100) et Ludewig dans sa Vie de Justinien (p. 19-123, 318-321), pour le Code et Novelles (p. 209-261), pour le Digeste ou les Pandectes (p. 262-317).
  2. Voyez sur le caractère de Tribonien, les témoignages de Procope (Persic., l. I, c. 23, 24 ; Anecdot., c. 13, 20 }, et Suidas (t. III, p. 501, édit. de Kuster). Ludewig (in vit. Justinian., p. 175-209) se donne beaucoup de peine pour blanchir un Maure.