Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 8.djvu/330

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bords du Danube le vainqueur des Gépides tourna les yeux vers les fertiles rivages du et du Tibre. Quinze ans auparavant, ses sujets, alliés de Narsès, avaient visité le beau climat de l’Italie ; ses montagnes, ses rivières et ses grands chemins étaient encore présens et familiers à leur mémoire : le bruit de leurs succès, peut-être la vue du butin qu’ils avaient rapporté, excitaient dans la génération actuelle l’émulation et le goût des entreprises. La valeur et l’éloquence d’Alboin échauffèrent leurs désirs ; et on assure que pour parler plus puissamment à leurs sens, il fit servir dans un banquet les fruits les plus beaux et les plus exquis de ceux qui croissent spontanément dans ce jardin de l’univers. Dès qu’il eut arboré son étendard, l’entreprenante jeunesse de la Germanie et de la Scythie vint en foule grossir son armée. Les robustes paysans de la Norique et de la Pannonie avaient repris les mœurs des Barbares ; et les races des Gépides, des Bulgares, des Sarmates et des Bavarois, peuvent se retrouver d’une manière distincte dans les différentes provinces de l’Italie[1]. Les Saxons étaient d’anciens alliés des Lombards, et vingt mille de leurs guerriers, suivis de leurs femmes et de leurs enfans, acceptèrent l’invitation d’Alboin. Leur bravoure contribua à ses succès ; mais tel était le nombre de ses troupes qu’on s’y apercevait peu de leur présence ou de leur ab-

  1. Paul (l. II, c. 6-26) parle des autres nations. Muratori (Antich. Ital., t. I, Dissert. I, p. 4) a découvert à trois milles de Modène le village des Bavarois.