Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 8.djvu/338

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faite, » et touchant la coupe de ses lèvres, prononça au fond de son cœur le serment de laver cette injure dans le sang d’Alboin. Si elle n’eût pas été déjà coupable comme femme, on pourrait accorder quelque indulgence au ressentiment qu’elle dut éprouver en qualité de fille ; mais implacable dans sa haine, ou inconstante dans ses amours, la reine d’Italie avait prodigué ses faveurs à un de ses sujets ; et Helmichis, le porte-armes du roi, fut le ministre secret de sa vengeance comme de ses plaisirs. Il ne pouvait plus combattre par des raisons de fidélité ou de reconnaissance, le projet d’assassiner son prince ; mais il trembla en songeant au danger qu’il allait courir et au crime qu’on lui demandait, en se rappelant la force incomparable et l’intrépidité de ce guerrier, qu’il avait accompagné si souvent sur le champ de bataille. À force de sollicitations, il obtint qu’on lui donnerait pour second un des plus intrépides champions de l’armée des Lombards ; on s’adressa au brave Pérédée ; mais on ne put en tirer qu’une promesse de garder le secret sur cet attentat. Le moyen de séduction qu’employa Rosamonde, annonce à quel point d’effronterie elle portait le mépris de l’honneur et même de l’amour. Elle prit la place d’une de ses femmes qu’aimait Pérédée ; et sut, au moyen de quelques prétextes, expliquer d’une manière plausible l’obscurité et le silence de leur entrevue, jusqu’au moment où elle put lui dire qu’il sortait des bras de la reine des Lombards, et que sa mort ou celle d’Alboin devait être la suite d’un pareil adul-