Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 8.djvu/389

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les conseils de la cour de Byzance, et le sage Tibère obtint une trêve de trois ans. Cet intervalle fut employé en préparatifs de guerre ; et la renommée publia dans le monde entier que cent cinquante mille soldats venus des Alpes et des bords du Rhin, de la Scythie, de la Mœsie, de la Pannonie, de l’Illyrie et de l’Isaurie, avaient renforcé la cavalerie impériale. Cependant, peu effrayé ou peut-être peu convaincu, le roi de Perse résolut de prévenir l’attaque de l’ennemi ; il repassa l’Euphrate et renvoya les ambassadeurs de Tibère en leur ordonnant insolemment de l’attaquer à Césarée, métropole des provinces de la Cappadoce. Les deux armées se livrèrent bataille à Mélitène : les Barbares, qui obscurcissaient l’air de leurs traits, prolongèrent leur ligne et étendirent leurs ailes sur toute la plaine, tandis que les Romains, formés en colonnes profondes et solides, attendaient le moment où, dans un combat plus rapproché, ils pourraient triompher par la pesanteur de leurs lances et de leurs épées. Un chef scythe, qui commandait leur aile droite, tourna tout à coup le flanc des Perses ; il attaqua leur arrière-garde en présence de Chosroès ; il pénétra jusqu’au milieu de leur camp, pilla la tente du roi, profana le feu éternel ; et traînant à sa suite une multitude de chameaux chargés des dépouilles de l’Asie, il s’ouvrit un passage à travers l’armée ennemie, et rejoignit, en poussant les cris de la victoire, ses alliés, qui avaient consumé cette journée en combats singuliers ou en inutiles escarmouches. L’obscurité de la nuit et les